Bonjour tout le monde. Aujourd'hui, 5 juin, fidèle à l'habitude, on va faire le point sur ce qui s'est avéré être un trimestre tout à fait spectaculaire, pour ensuite essayer de faire un peu de lumière sur ce qui se profile devant nous. Toujours avec une bonne dose d'humilité parce qu’évidemment, il y a encore beaucoup d'incertitude.
Sans plus tarder, ce qui a rendu le dernier trimestre tout à fait spectaculaire, c'est l'annonce de tarifs coup de poing, le 2 avril, qui a fait chuter les marchés boursiers américains de 10 % en seulement deux jours, alors que les risques de récession doublaient à ce moment. C’était donc une situation tout à fait insoutenable, qui a effectivement donné lieu à une pause, seulement une semaine plus tard, pour tous les pays sauf la Chine. À elle seule, cette annonce a donné lieu à la troisième meilleure journée pour la bourse américaine au cours des six dernières décennies. On a vécu ça dans le dernier mois, en avril. Spectaculaire encore une fois. Mais la hausse de tarif avec la Chine était aussi tout à fait insoutenable et a aussi donné lieu à une pause, cette fois-ci un mois plus tard. Ce qui nous amène à aujourd'hui, avec des risques de récession qui demeurent plus hauts qu'en temps normal, mais quand même qui se stabilisent, qui baissent, alors que les marchés boursiers ont repris une bonne partie de leurs pertes enregistrées depuis le début de l'année.
Si on regarde l'impact pour un portefeuille global diversifié en dollars canadiens, le constat qu’on est essentiellement revenu au niveau de février dernier, c'est à dire quelque part entre 0 % et 5 % de gain – rien de trop spectaculaire, rien de trop dramatique, en fonction du profil de risque –, évidemment grâce en bonne partie à la bonne tenue des marchés boursiers à l’extérieur des États-Unis, qui est une tendance dont a discuté dans la dernière capsule, qu'on voyait se former en début d'année, et qui s'est poursuivie largement dans les derniers mois. Donc beaucoup de volatilité. Ultimement, pas trop de dommages. C'est largement l'attente qu'on avait lorsqu'on a amorcé l'année. Ça demeure également nos attentes lorsqu'on regarde devant, bien qu'il y ait évidemment le potentiel pour des surprises au cours des prochains mois.
Ce qu'on va surveiller de très près, c'est l'impact concret sur l'économie. Pour l'instant, l'impact se voit surtout, par exemple, du côté du sentiment des consommateurs, qui est essentiellement près de son pire dans les 35 dernières années. C’est un grand contraste par rapport à la réalité plus concrète de données importantes dans l'économie, par exemple le chômage ou même l'inflation. Évidemment, il y a plusieurs drapeaux jaunes ici et là, mais en ce qui a trait à ces deux données-là, les données récentes n'avaient rien de trop dramatiques dans les deux cas. Il faut le dire, les tarifs vont probablement nourrir un peu l'inflation, exercer une pression à la hausse sur le chômage. Mais pour autant que les aléas tarifaires sont limités et que l'administration américaine se concentre sur les ententes commerciales, il y a des chances que, finalement, cette reconnexion entre le sentiment et la réalité se produise à des seuils pas trop problématiques pour l'économie et, par conséquent, pas trop problématiques non plus pour les marchés boursiers, parce que là aussi on a vu un peu le même phénomène : le sentiment des investisseurs cette fois-ci, selon ce sondage-là, il n’y a jamais eu autant de pessimisme dans les 35 dernières années. Ce qui est un peu paradoxal là-dedans, c'est que, traditionnellement, c'est souvent signe que le pire est déjà derrière nous. Évidemment, comme toute règle, il y a des exceptions, donc faut faire attention. Les marchés boursiers ont déjà rebondi beaucoup, donc tempérons nos attentes. Mais ça suggère quand même que, pour autant qu'on évite une récession mondiale et on ne s'attend pas à une récession mondiale, il y a lieu de penser que la tendance de moindre résistance pourrait en fait demeurer à la hausse pour les marchés boursiers au courant du reste de l'année.
En conclusion, trois points à retenir pour aujourd'hui. Comme je le disais pour l'instant, plus de peur que de mal. Les marchés ont réagi fortement. Le sentiment des consommateurs, des investisseurs, des entreprises également a envoyé un signal clair à Washington, qui a effectivement changé de ton, un changement de ton qui demeure fragile, il faut le dire. L'économie est également fragile, je le répète, mais les prochains mois devraient être très révélateurs, alors que tous les paramètres de l'agenda économique de l’administration américaine devraient finalement se préciser, et l'ampleur du ralentissement économique qui en découlera également. C'est ce qu'on suivra de près. C'est annonciateur d'encore beaucoup de volatilité au courant de l'été. Mais encore une fois, pour autant qu'on évite un scénario de récession mondiale, il y a lieu de penser que les marchés boursiers pourraient demeurer plutôt bien soutenus, surtout en dehors des États-Unis, qui est une tendance qu'on voit se poursuivre dans les prochains mois.
C'est tout pour aujourd'hui. Merci d'avoir été à l'écoute. On se reparle en septembre. Bon été tout le monde.